Développement de mon travail de recherche |
Depuis la fin de mes études, mon travail s'oriente vers les sphères de l'action en art, sphères qui me permettent de tendre vers une réflexion sur nos sociétés contemporaines.
Je suis, comme tout un chacun, spectateur de notre monde et de ce que l'on en fait. Si j'aime à dire que nous sommes victimes du système et de sa violence, nous n'en sommes pas moins victimes consentantes, pétris de paradoxes et de contradictions individuelles. L'art revient alors à combattre l'apathie ambiante et édulcorée d'un monde « sunlightisé », où la pensée sur soi est préférée à la pensée sur l'autre, cet ennemi, ce concurrent, cet étranger.
Mon travail, comme celui de penseurs comme Naom Chomsky est de constater nos contradictions et de les mettre en scène in situ. Dès lors, je pousse le spectateur à devenir « regardeur », à s'autocritiquer, à se confondre avec lui-même, avec cette « image »,son image, ici et maintenant.
Je crois que l'art procède de « l'apparition ». Son rôle, au sein des sociétés a toujours eu cette fonction, et cela quel que soit le sujet abordé. De l'intime à la société, du banal au particulier, l'art qui s'immisce au coeur des hommes ou au centre des jeux politiques a modestement et principalement cette fonction, celle de faire apparaître.
Dès lors - et me rapprochant d'une vision utopiste - il m'est venu l'irrépressible envie de me servir de l'art comme un miroir, non plus un miroir aux alouettes, mais bien comme un prisme, un catalyseur de pensées, comme un créateur d'énergie, comme un anathème magique qui servirait à réenchanter le monde.
Car derrière le masque, derrière cet étal de nos « petites imperfections », il y a l'émergence d'une capacité innée et présente en nous tous, celle qu'ont vu Bergson, Robert Filliou ou Joseph Beuys, cette énergie qui rend capable l'humain de créer.
Rendre cette énergie effective, c'est d'abord rendre compte de la violence générée par nos structures. Ainsi, au-delà de la critique effective de notre apathie, c'est amener à constater que nous devons, que nous pouvons combattre notre propre sort, en nous « armant » intellectuellement contre ce qui forme, entretient et caractérise notre attitude.
Si la solution est en chacun de nous, si « nous sommes tous des artistes », c'est bien que nous pouvons nous rendre compte, au demeurant, que l'on nous empêche de le devenir. Dès lors, l'art raisonne comme l'arme d'un devenir-révolutionnaire, d'une micro-lutte, d'une énergie de l'utopie qui mettra à bas les méandres structurels d'un pouvoir de l'homme par l'homme, pour lui préférer l'émergence d'une énergie de l'homme pour l'homme.
L'artiste ne devrait jamais travailler pour lui-même, mais engendrer cette énergie pour l'homme, son autre nécessaire, son regardeur...