LE 'PATACTIVISME, L'ACTIONNEUR (au travers du « faire apparaître »)
L'artiste « fait apparaître ». De tout temps, quel que soit son art, son médium ou son sujet, il fait apparaître une image, un son, un sentiment, une réflexion, une image du pouvoir, de la violence, de l'amour...
De la 'Pataphysique :
L'artiste est un « 'Pataphysicien ». La 'Pataphysique fut inventée par Alfred Jarry en 1897 quand il écrivit UBU Roi. Elle est la « science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualités. »
Les linéaments se définissent comme les contours des objets ou d'un graphique.
L'artiste est-il autre chose qu'un chercheur qui, au travers de linéaments veut faire apparaître ? Reprenant la définition de Jarry je dirais que l'art, s'il n'est pas une science, propose néanmoins la recherche de solutions imaginaires, que de ces recherches découle une virtualité matérialisée.
De nombreux artistes ont repris les théories de Jarry. De dada aux surréalistes cette étude a pour but le recherche de l'essence même de l'art et de sa fonctionnalité en tant que matière (poétique ?) de l'homme, à mon sens : « faire apparaître ».
De l'activisme :
Activisme : Les termes activisme et activiste dans leur sens politique sont attestés dans la presse belge dès 1916 à propos des mouvements flamingants. L'activisme désigne un engagement politique privilégiant l'action directe. C'est une forme exacerbée de militantisme pouvant aller jusqu'à braver la Loi. Toutefois, si cette action directe préconise la violence envers les personnes, on parle plutôt de terrorisme.
Les activistes sont héritiers de nombreuses luttes sociales et politiques ; leur engagement pourrait être qualifié d'anarchiste ou de gauchiste mais la plupart d'entre eux estiment n'appartenir à aucune catégorie. Ils prônent le ici et maintenant, ils disent «Résister c'est créer». Ils militent pour l'action. Ils sont situationnistes et ont un rapport ambigu aux médias. Ils se veulent imprévisibles, pragmatiques et intraitables.
L'activisme peut être vue comme une nouvelle forme de résistance voire d'insurrection. Certains activistes suivent le précepte : «Penser global, agir local». En réalité, ils ne se centrent sur aucun principe, aucune unité si ce n'est l'association temporaire autour d'un objectif.
Les activistes revendiquent le droit à fonctionner autrement (de manière alternative) et agissent dans cet objectif. Ils vivent la politique, et souhaitent créer une nouvelle conscience démocratique. Leurs revendications sont très diverses: par exemple lutter contre la publicité, pouvoir se déplacer gratuitement (le Collectif sans ticket en Belgique par exemple), défendre leur place dans la production des connaissances sur les maladies (sida, etc.) qui les touchent, redéployer l'espace communautaire, etc.
Du 'Patactivisme :
Dès lors je propose de lier « ontologiquement » ces deux notions qui au sens de l'art peuvent donner une nouvelle voie de recherches et d'actions.
'Patactivisme : Recherche de solutions imaginaires et alternatives qui proposent par la résistance et l'insurrection de fonctionner autrement, grâce à une nouvelle conscience démocratique.
Le 'Patactivisme fait émerger une nouvelle dimension de l'artiste et du spectateur. Il ne plus y avoir de place, de distinction, de strate entre les différents acteurs de l'art. De cela se constitue une nouvelle manière d'appréhender l'Autre, cet Autre nécessaire...
De ces nouvelles solutions nous abolirons la Loi de Puissance de l'Homme sur l'Homme, pour lui préférer une énergie de l'Homme pour l'Homme.
De l'actionneur :
Actionneur : Agent ou dispositif qui agit sur le fonctionnement d'une machine ou d'un système.
Le spectateur devient un agent pensant de l'acte artistique.
L'individu – que j'appelle dans ce cas « actionneur » – n'est plus un spectateur, ni plus un « regardeur » au sens duchampien. Il n'est pas non plus un acteur, puisqu'il agit en sa qualité d'individu, et que sa prise de décision est la sienne, non conditionnée par un scénario pré-écrit. Il devient seul détenteur de l'acte qui va lui être proposé.
L'actionneur est alors partie intégrante de l'action, sa relation à l'acte se matérialisant au moment où il prend une décision quand à « l'objet de connexion ».
L'actionneur est un agent qui se substitue à l'artiste, qui ne devient quant à lui qu'un intermédiaire, que celui qui « fait apparaître », et qui préfère l'échange à la passivité de l'individu.
Selon Duchamp en effet, « la signification d'une oeuvre ne réside non pas dans son origine, mais dans sa destination. Le spectateur doit naître au dépend du peintre. » De spectateur il devint regardeur – celui qui fait le tableau – pour finalement devenir actionneur, celui qui jugera de la destination à donner à l'oeuvre.
L'actionneur peut être conscient ou non de sa fonction, cela importe peut. Ce qui constitue son statut est l'inscription même de sa fonctionnalité d'être pensant et décidant. C'est un moment où l'artiste reconnaît qu'il peut et doit créer par interaction, le « faire apparaître » ne pouvant se constituer qu'en réception.
Cette réception interactive – positive ou négative – est le fondement de son acte de création.