CHER(E)S AMI(E)S
Votre serviteur va exposer à partir de la semaine prochaine, et pour ce projet, pendant un mois au OFF07 de Thun (Suisse).
En pleine campagne pour être élu Ministre de la Culture Suisse, cette opportunité me permet d'activer une nouvelle dimension dans ma "Campagne de Salon". C'est ainsi que je vais pouvoir installer un
QG de campagne en Suisse même... Cette visibilité va-t-elle changer la donne dans le classement actuel, c'est à ne pas en douter !
"Projet OFF07" (20/06)
"QG de Campagne" Installation, Thun, Suisse / Vernissage mercredi 27/06
TEXTE :
Je travaille principalement avec des médiums tel que la performance ou l'installation, la photo et parfois la vidéo. Mon approche plastique s'abreuve du contact avec le public, sans pour autant être forcément « participatif ». Il s'agit au contraire de faire s'interroger les spectateurs dans un espace connu ou inconnu qui a été modifié, pour qu'ils soient en contact avec des problématiques dont ils sont tous les témoins dans leur vie de tous les jours.
Un de mes thèmes est de « rendre visible » l'uniformisation de l'humain par nos sociétés occidentales ; ou encore, comment nos Etats, médias et autres industries de production et de commerce agissent sur l'individu pour le forger à une image de citoyen-consommateur docile, propret et « morale »...
Etre en campagne
En ce sens, la proposition d'Heinrich Gartentor d'ouvrir le mandat de Ministre de la Culture à des étrangers me permet de poindre du doigt, au travers d'une action-performance de candidature, les standards d'une campagne en vue d'élection, standards qui se répètent et forment une sorte de tradition communicationnelle et en définitive, idéologique.
N'étant pas Suisse, dès le départ de cette aventure j'ai bien senti que mon rôle ne serait pas de faire une campagne dans le sens où nous l'entendons habituellement, mais bien de me nourrir des méthodes et des artefacts qui inondent nos sens lors des longues périodes de pugilats électoraux.
En ce sens, j'ai tout de suite installé mon « bureau de campagne » dans mon salon et, plutôt que de faire un travail de terrain, j'ai décidé de m'inviter dans la campagne à partir de Strasbourg, au travers de mon blog - « tendance internet » oblige - et de mener cette action à coup de « slogans » et « d'idées fortes ».
Mon idée en tant qu'action-performance est alors de plonger directement dans le burlesque, sans prendre de précautions, ni de retenues, de proposer une vision « idiote » d'une campagne, au sens de « nouveau », du « particulier »...
En somme, si je me suis attaché à proposer des idées, à créer des affiches, des tee-shirts, des flyers et autres tracts numérotés, si j'ai sollicité le plus de monde possible pour mettre en avant ma candidature, si, enfin, j'en ai référé aux différentes administrations et autres journaux français, il s'agit bien pour moi de m'inscrire dans toute la logique d'une vraie campagne de « dénonciation de campagne ».
Mes propositions sont saugrenues, irréalisables ou burlesques, elles ne le sont pas plus que celles faites - contre toute logique - par les « vrais » politiques de tout poil. Mes affiches reprennent certains slogans, certaines postures, certaines couleurs. Mes tracts sont dignes des meilleurs graphistes politisés (!). Le tout est réalisé avec le minimum d'investissement monétaire...
En Suisse
L'exposition en Suisse au travers de « QG de Campagne » me permet de mettre en avant une tout autre dimension. En effet fin 2006, le Parlement Suisse a voté les lois les plus dures au monde en matière d'immigration. Dès lors, ouvrir la candidature pour le poste de Ministre de la Culture Suisse aux simples possédants d'une carte suisse de circulation ferroviaire m'a presque « obligé » à me constituer candidat.
Si la proposition de l'actuel ministre n'est (peut-être) pas innocente en soi, elle est symboliquement forte. En effet, qu'y a-t-il de plus important pour une nation et un peuple déterminé que sa propre culture ? Elle est constitutive des individus qui la compose et marque au travers d'une Histoire, son identité, son évolution.
Mais une culture ne doit et ne peut être « fermée ». Une culture se défend mais évolue et pour évoluer doit se frotter aux autres, se mélanger, s'intégrer, comme intégrer la différence. Toute culture - fut-elle celle d'un peuple des plus reculé – est elle-même l'addition de plusieurs influences, de multiples différences.
Toute culture enfin, est égale à une autre. Il n'y pas de supériorité en matière de culture. Dès lors voter des lois draconiennes contre l'immigration signifie la « fermeture » pour certains peuples, comme l'enfermement pour le peuple « protégé ». Quel peuple, quel citoyen désire réellement être enfermer ?
En conclusion
L'ensemble de l'installation (fanions, affiches, tee-shirts,etc.) a pour vocation de recréer l'uniformisation du public et de « faire apparaître » l'idée de l'abandon de la lutte pour une différence et une liberté des choix. Le public sera, pour le coup, intégré à l'oeuvre et ce qu'il accepte ou pas son « uniformisation » : le « regardeur » devient « l'actionneur », de celui qui concrétise et fait fonctionner l'oeuvre.
C'est donc tout d'abord de l'extérieur que j'ai signifier ma candidature, pour enfin venir plaider de l'intérieur pour que la Suisse, les Suisses, sa culture, continue à vouloir se partager et à s'ouvrir. Si Heinrich Gartentor a entâmer l'ouverture, a ouvert la brèche, je salue Wilfried von Gunten pour son accueil !
"Projet OFF07" (20/06)