Il y a quelques semaines, avec quelques étudiants en art, j'ai initié une action de marquage au sol, signifiant aux passants les zones "non surveillées". Par la suite, nous avons "récidivé" aux mêmes endroits, pour mettre en lumière le fait que ce genre d'action était encore possible. Pour ce faire, nous avons marqué au sol une grille de morpion qui signifiait que le jeu est possible, qu'une certaine forme de liberté est encore possible...
Mais pour combien de temps ?
J'appelle cet ensemble de travaux "Invisible War". Il s'agit de "commettre" dans l'espace public une installation ou une marque pour tenter de ré-activer chez le passant-spectateur une autre lecture de son espace de circulation.
C'est une "guerre invisible" au sens où l'acte en soi est illégale. Cet empreinte permet donc de pirater l'espace public et de lui redonner un autre sens, une autre lecture. Loin de vouloir dégrader cet espace, il active le principe de la "peinture pariétale ", ces mêmes marques qui hornaient les murs des cavernes de nos ancêtres, ces dessins et peintures permettant de donner une lecture de la vie des tribues et de leur rites.
Les tribues qui composent nos sociétés ne subissent plus que les rites des annonces publicitaires ou des ordonnances publiques. En ce sens, c'est dire qu'il y a d'autres manières de voir et de comprendre nos sociétés.
C'est une "guerre invisible" ensuite puisque je me permet de mettre en lumière des espaces qui symbolisent des questionnements sociétales. Outre les caméras - surveillance ou protection ? -, un prochain projet consistera à signifier certains endroits où peuvent se protéger du temps les SDF et notamment sous les ponts de Strasbourg. Un marquage sera apposé : "ABRIS N°...".
C'est une "guerre invisible" dans les sujets abordés : par exemple les SDF sont eux-mêmes des êtres invisibles : Invisibles pour la société, invisible pour les passants...
"ABRIS N°..." (Projet) (12/07)
Mes réalisations sont différentes du TAG ou du Graphe. En effet si les techniques peuvent se rapprocher, le sens de mes interventions est différent. Le TAG est de l'ordre de la signature, il siginfie l'effectivité d'une présence et l'inscription de cette présence dans l'espace de vie.
Si le graphe transforme l'espace, je recherche plus la transformation pour activer un lien causale entre le lieu et le public, pour qu'il en arrive à se poser des questions sur son cadre de vie ou son cadre de circulation.
A mon sens le graphe est de l'ordre de l'individu - de celui qui graphe -. Il s'agit pour moi de dépeindre l'espace marqué pour que l'on en re-prenne une dimension, une vision ; cette vision qui nous échappe à cause des politiques d'uniformisation...
Ici et maintenant vous êtes surveillés.
Ici et maintenant vivent des SDF...