En tant que langage propre à l'artiste, il est souvent difficile pour le novice d'appréhender toutes les symboliques qui peuvent se traduire dans l'oeuvre.
Elle fonctionne alors comme une énigme, elle se donne à plusieurs degrés, jusqu'à laisser une interprétation libre à tout récepteur.
Une photo ne peut - ne doit pas - être vue au sens primaire. Elle est souvent beaucoup plus que ce qu'elle "montre" au premier regard. Une oeuvre nécessite le "même détachement" et s'interprète.
Mais son interprétation doit pouvoir être décryptée grâce à une chaîne de codes, ces codes se retrouvant dans l'Histoire de l'art, comme dans le parcours de l'artiste.
Pour ma part, la valeur "in situ" - "en situation" ; à l'endroit et au moment - est une valeur souvent très importante, puisque le travail se réalise - au sens propre et figuré - dans le lieu et dans le temps de réception, ceux-ci étant parties intégrantes pour l'interprétation par les regardeurs.
Dans un monde de communication, l'art joue un rôle d'énigme dont l'un des buts est de tenter de surprendre pour motiver les sens, et engager le spectateur à "aller plus loin".
Au contraire de la communication l'art n'a personne "à convaincre". Sa réception n'a pas alors à "être directe", communiquante. C'est une énigme qui tente de réactiver une qualification de la pensée et de l'échange.
Je ne crois pas que l'art doive s'adapter au monde. Au contraire il a toujours été plus loin, plus vite, plus fort, plus utopique, plus imaginatif et donc plus vaste que le monde "arrêté".
La communication disqualifie l'imaginaire et dirige l'interprétation pour le message à vendre. L'art requalifie l'imaginaire en proposant au spectateur de se plonger dans l'interprétation à faire.
Si la communication dit d'aller toujours en avant pour le progrès, l'art propose une autre voie, de prendre un chemin de côté, vers une autre pensée à construire ensemble...