L'artiste peut-il changer le monde ?
Cette question rejoint une autre question importante, l'artiste sert-il à quelque chose ?
Pouvons-nous imaginer une société sans artiste ?
Autant de questions qui proposent le débat... Et que je me pose de temps en temps en tant qu'acteur du onde de l'art...
Les artistes ont toujours eu un rôle au travers des sociétés qui ont existé et qui existent encore. La plus simple de ces fonctions a été de laisser une trace de l'existence passée de cette société. Grâce aux arts les plus anciens - et qui n'ont jamais été premiers, grave erreur sémantique - nous retrouvons l'inscription de l'existence de l' "âme" d'une société, de sa présence au monde. Ces traces nous permettent de connaître, d'analyser et de comprendre ce que nous sommes aujourd'hui.
A l'heure de théories sur "la fin de l'Histoire", et notamment au travers de l'accélération de l'information par l'inscription du temps présent comme seul référent de l'Humanité dite « civilisée », nous nous devons de réfléchir quand au rôle qu'à tenu l'art jusqu'à présent.
En effet à une époque du tout média, j'ai le sentiment que son existence est encore plus nécessaire, encore plus évidente. Nous devons iproposer dans l'espace de réflexion une « autre manière » de voir le monde, une autre inscription de ce que l'Humanité devient et peut devenir... L'art, c'est la conservation de l'Histoire, son identité, la pierre angulaire de son existence. Que reste-t-il d'autre que la peinture, la sculpture, les écrits, les gravures,... pour nous « parler » du passé, de notre histoire commune ou non ?
L'Histoire est la connaissance, et la connaissance est ce qui nous déterminera notre futur.
Peut-on imaginer une société sans artiste ?
La fin de l'histoire a déjà existé. Sous des régimes tels que le Stalinisme,le Fachisme, ou le National Socialisme les artistes existaient, mais étaient les voix du régime, les porte-paroles de politiques d'éliminations de ce qui étaient différents. Censures et destructions ont été les pendants de la création réglementée, formatée au régime. Par là même, une fin de l'Histoire était programmée.
Notre rôle est donc là, sans prétention, ni narcissisme (voir article précédent), mais qui légitime une réalité d'existence, qui détermine une fonction « légitimante ».
L'artiste peut-il changer le monde ?
Sans narcissisme exacerbé je dirais que oui. J'ai compris cela en lisant le livre de Gilles Deleuze et Claire Parnet : « Dialogues ». Les deux auteurs proposent d'arrêter de penser la Révolution, puisque les révolutions n'ont été que des révolutions bourgeoises, et que ces révolutions manquées n'ont permis que de remplacer le Roi par d'autres rois... Ils proposent une « micro-lutte », un « devenir minoritaire » de la lutte, une rébellion plus qu'une révolution, une insurrection, plus qu'un mouvement violent qui ne générera que la victoire de ceux qui ont déjà le pouvoir...
C'est une vision utopique de la lutte. C'est un « bégaiement » de la parole, bégaiement qui doit remplacer le message formaté de l'information du tout-média. C'est une recherche « a-parallèle » de la lutte, une proposition de recherche « 'pataphysique » de la lutte : un « 'Patactivisme » (voir article précédent).
Pour ma part, et pour éclairer mon propos, je dirai que l'art peut « changer le monde » au sens de la « Théorie du Chaos ». La Théorie du Chaos, issue de la recherche en mathématiques sur les statistiques, sert par exemple la prédiction du temps. Plus spécifiquement il existe un exemple qui illustre ce que la Théorie du Chaos peut signifier : L 'Effet Papillon : « Si un papillon bat des ailes en haut du Kilimajaro, cela peut créer un ouragan en Asie du sud ». En sommes, de part l'extrême complexité des données qui génèrent l'ensemble des mouvements de vent, un acte le plus insignifiant peut provoquer la pire des catastrophes.
Prit positivement, l'artiste est le Papillon qui peut créer... un bienfait. Nous ne touchons que peut de personnes, et parlant en mon nom, en tant qu'artiste performeur ou installateur, l'influence est encore moindre. Mais s'agissant de changer le monde, je suis persuadé que cela peut arriver si un jour, par exemple, j'en viens à toucher ne serais-ce qu'une seule personne qui va « utiliser » mon idée...
Après l'Effet Papillon, l'Effet boule de neige...